Le site occupé dès la période magdalénienne (- 15 000 avant J.C.) et jusqu’à l’Âge de Bronze (- 2 200 avant J.C), se compose de deux abris : l’abri dit classique, qui a été entièrement fouillé, et l’abri des Marseilles dont une partie n’a pas encore été exploitée à ce jour puisqu’elle se trouve sous un effondrement de blocs de calcaire. La stratigraphie (ensemble des différentes couches géologiques) du lieu et ses nombreuses traces confirment l’existence de foyers.


Ce gisement est un site exceptionnel pour la quantité, la diversité et souvent la qualité des œuvres d’art qui y ont été découvertes pendant des décennies. Plus de six cents œuvres ont été retrouvées lors des fouilles.
C’est en 1863 qu’Edouard Lartet (paléontologue) et son ami Henry Christy, venus visiter les Eyzies, découvrent les Abris de Laugerie-Basse. Ils furent impressionnés par la richesse de ses vestiges préhistoriques et de nombreuses découvertes en découlèrent. L’année suivante, l’archéologue Paul de Vibraye dévoile la fameuse « Vénus impudique ». Les découvertes s’enchaînent alors et deux ans après, Elie Massénat met à jour un squelette humain dénommé « l’homme écrasé ». Une partie de l’abri reste encore à explorer...
Parmi ces quelques six cents objets trouvés témoignant d’une activité culturelle et esthétique importante à Laugerie-Basse, on relève plusieurs œuvres connues de la période magdalénienne (entre 15 000 et 10 000 avant J.C) : une rondelle d’os gravée, un harpon et une statuette de femme à la tête brisée appelée « Vénus impudique » découverte par le marquis de Vibraye vers 1863 ainsi qu’une plaquette appelée « Femme au renne ». Quant au mobilier découvert sur le site, il illustre parfaitement les capacités artistiques de ces hommes « modernes » préhistoriques.


INTERVIEW JEAN-PIERRE CHADELLE
Quelles ont été les recherches réalisées aux Abris Préhistoriques de Laugerie-Basse ? D’autres sont-elles à venir ?
Les abris de Laugerie-Basse sont parmi les premiers gisements préhistoriques fouillés en France. Dès 1863, sous l’abri classique, Edouard Lartet et Henry Christy reconnurent, associés aux outillages de silex et de bois de renne, des œuvres d’art mobilier. Après ces pionniers, vint l’époque des collectionneurs qui exploitèrent les riches niveaux magdaléniens, sans aucune considération scienti que, jusqu’à l’acquisition de l’abri par Joseph-Antoine Lebel en 1913. Dès lors les fouilles ne portèrent plus que sur l’abri des Marseilles, en aval de l’abri classique.
Là, Jean Maury ouvrit un tunnel sous les éboulis puis fouilla le long de la falaise, abaissant le sol de plus de 4 m. A n de préserver le gisement pour des recherches futures, Lebel fit interrompre les fouilles en 1927, laissant l’impressionnante coupe stratigraphique que l’on visite aujourd’hui. De 1980 à 1986, Alain Roussot raviva cette coupe, mise à mal par les fouilles clandestines, en fit un relevé précis, étudia le matériel et obtint les premières datations au carbone 14.
Les dernières recherches, de 2015 à 2017, ont porté sur la coupe principale ainsi que sur celles du tunnel. Elles ont permis à l’équipe de Richard Cosgrove et Jean-Pierre Chadelle de préciser la géologie du site et de montrer que l’abri avait été occupé en trois périodes principales centrées autour de 17800, 17000 et 15500 ans avant le présent.
De quelle manière s’inscrivent ces deux sites culturels dans la Vallée de la Vézère ?
Le gisement de Laugerie-Basse est exceptionnel parmi les sites de la vallée de la Vézère par la qualité et la quantité des œuvres d’art et des objets décorés qu’il a livrés. Leur nombre s’élève à plus de 500, parmi lesquels des œuvres mondialement connues comme la Vénus impudique, la Femme au Renne ou la Rondelle au chamois.
Quelles sont les particularités de ces deux sites ?
Outre l’immense gisement préhistorique, la falaise présente une curiosité géologique : la grotte du Grand-Roc. Véritable joyau de la nature, la grotte renferme une profusion de concrétions de calcite dont certaines très étonnantes ! Le chemin qui relie les deux sites traverse le petit hameau de Laugerie-Basse, typique de l’habitat de falaise en Périgord.
Informations pratiques
À la sortie du village, direction Périgueux 24620 Les-Eyzies-de-Tayac-Sireuil Tél : 05 53 06 92 70
Crédit Photo © Dan Courtice
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