La 101e Félibrée en Pays d’Eymet se déroulera du 1er au 3 juillet 2022 à Eymet. Trois jours au cours desquels se succèderont défilés, démonstrations de métiers anciens, musiques et danses traditionnelles, bals et autres animations ayant un lien avec l’Occitanie, dans une bastide haute en couleurs, celles de milliers de fleurs réalisées par les bénévoles.
La félibrée et le Bournat du Périgord, en quelques mots
La félibrée du Bournat est devenue en Périgord, depuis cent-dix-neuf ans, une véritable institution. Mais qu'est-ce que la félibrée et le Félibrige ?
La félibrée est la fête des félibres du Périgord et celle du Félibrige, association fondée en 1854 par Frédéric Mistral et six jeunes poètes de langue provençale (les Primadiers) au château de Font-Ségugne à Chateauneuf-de-Gadagne, près d'Avignon.
Ce mot de félibre aurait été emprunté par Mistral à une cantilène qui se récitait naguère à Maillane, son village natal. Cette chanson à thème religieux citait « li sèt felibre de la Lèi », les sept félibres de la Loi dans le sens (entre autres) de « docteurs de la Loi ». Et Mistral de s'écrier : « C'est nous les sept félibres ! ».
C'est à partir de ce mot ‘félibre’ qu'ont été créés les dérivés ‘Félibrige’, pour désigner l'association, félibréen pour désigner ce qui se rapporte au Félibrige et, naturellement, ‘félibrée’, toute manifestation organisée par les félibres pour la promotion et la défense de la culture et de la langue d'oc.
Pour diriger cette association (le Félibrige), un conseil d'administration (consistoire) est élu. Il est composé de 50 membres (les majoraux) qui élisent en leur sein leur président, le Capoulier. À la centième félibrée de Périgueux, en 2019, le Capoulier Jacques Mouttet était présent, accompagné de nombreux majoraux et du président de l'école félibréenne du Bournat du Périgord, Bernard Sendres.
L'Assemblée générale du Félibrige se réunit tous les ans dans un lieu différent et se nomme la Sainte Estelle (Santo Estello). Cette association qui était au début limitée à la Provence s'est rapidement étendue à toutes les régions où la langue d'oc est parlée. Pour la structurer, il a été institué six territoires ou ‘Maintenances’, chacune dirigée par un président.
Voilà en quelques mots l'origine de la félibrée du Périgord qui a pris, comme nulle part ailleurs, une très grande importance. C'est le signe que chez nous, la culture occitane est bien présente dans l'esprit de tous les Périgourdins et Périgourdines. Le Bournat (la ruche en français) du Périgord, association coorganisatrice de la félibrée (fondée en 1901 à Périgueux) est aussi une école félibréenne ayant pour activité l’édition de livres, d’une revue depuis 1902 (Lo Bornat), l’animation d’ateliers de langue d’oc, de conférences et la démonstration de cuisine traditionnelle locale, de dentelle, de métiers anciens...
La Félibrée à Eymet…
Avant cette édition 2022, par deux fois déjà, la bastide d’Eymet avait connu la ‘fièvre de la Félibrée’ ! En 1957 d’abord, puis en 1984. Coups d’œil dans le rétro…
L’édition 1957
Eymet reçoit la 40e Félibrée, le dimanche 30 juin 1957. M. Lavaud, maire de la cité, est accompagné par Yvette Charrier, la Reine de la Félibrée cette année-là. Native de Sainte-Innocence, celle-ci guide les félibres à travers tous les lieux emblématiques de la bastide, sous un soleil éclatant.
On notera que le repas de la taulada aura été l’occasion pour plusieurs centaines de convives de belles réjouissances et découvertes gustatives. On y sert notamment les carpes du Dropt farcies au jambon, agrémentées d’un pécharmant et d’un « grand vin rouge ‘ordinaire’ d’Eymet » (?)
L’édition 1984
Un quart de siècle s’est écoulé avant que la Félibrée (la 65e) revienne à Eymet, le dimanche 1er juillet 1984. Durant la nuit précédente, un orage est venu secouer ce que les bénévoles avaient patiemment réalisé. Cela n’empêche pas que les cœurs soient à la fête. À l’heure dite, le maire, Maître Cathus et la Reine de la manifestation, Maguy Julien, accueillent les nombreuses personnalités afin que la fête commence !
Elle se déroulera de la meilleure manière tout au long de la journée…
Personnalité 2022 honorée en pays d’Eymet : Éric Bazas
Le Bornat dau Perigòrd a pour coutume, lors de chaque Félibrée, d’honorer une personnalité locale ayant œuvré pour la sauvegarde et l’illustration de la culture occitane. À l’occasion de la 101ème édition de l’événement, c’est Éric Bazas, peintre et sculpteur contemporain, artiste périgourdin et bournatier, qui a été choisi.
Éric Bazas était membre du Bornat et grand ami du Majoral Monestier — lequel fut, de 1979 à 1987, président de l’association. Il parlait l'occitan et a collaboré comme illustrateur à la revue éditée par le Bornat. Sa mère fut fondatrice et présidente du groupe ‘Los Reipetits’ du Coux au sein duquel il jouait de l'accordéon diatonique et, bien sûr, dansait.
Né en 1935 à Siorac-en-Périgord, Éric Bazas se passionne pour l’image en feuilletant les revues d’art de son père. Enfant, il découvre la préhistoire, parcourt grottes et gisements de la région. En 1954, il entre aux Beaux-Arts de Bordeaux. L’année suivante, il travaille au relevé des peintures de la grotte de Lascaux, sous l’autorité des préhistoriens H. Breuil et A. Glory et pour le compte du musée de l’Homme. Cela éveille en lui de profondes résonnances picturales. En 1956, il intègre l’école Nationale des Beaux-Arts de Paris et, parallèlement, s’initie à diverses disciplines : sculpture, architecture, design, céramique et… pédagogie. Son parcours artistique passe de la figuration à l’abstrait, du minimalisme (il crée le terme ‘Minimal Art’ en 1965) aux peintures tri-dimensionnelles et aux grands formats. Sculpteur, il produit des œuvres monumentales pour plusieurs villes de France. Il enseigne la pédagogie à la Faculté d’Arts plastiques et Sciences de l’Art à Paris, puis est professeur d’art pendant 20 ans aux Beaux-Arts de Paris. Ses œuvres s’exposent à Sarlat, Bordeaux, Dijon, Paris ou Prague…
En 1998, il s’installe à Eymet, où il poursuit son inlassable travail. Il s’y éteint en 2018
A voir, à faire, vendredi, samedi, dimanche
- Au château
Salle Jeanne de Toulouse : expositions photos et outils, philatélie, apiculture, mycologie.
Dans le caveau : outils et objets usuels. Dans la galerie : reconstitution d’une cuisine à l’ancienne - Salle Cadix, à l’entrée du château : Boutique de la Félibrée
Au Jardin de Cadix : Concerts et bals payants vendredi et samedi soir à 21h - Parc Gabriel Forestier
Cant’Oc, Cont’Oc — Messe en occitan – Cour d’Amour - bal gratuit dimanche - Au couvent Square Bébéar : salon du livre
- Au moulin : Vieux métiers - Battage à l’ancienne. Exposition de matériel agricole. Stand de l’association des Amis du Moulin de Citole
- Dans les rues de la bastide, une centaine d’artisans et marchands, 25 groupes folkloriques venus de Dordogne et d’ailleurs interprètent des saynètes de la vie quotidienne, partagent musique et danses.
- Place Gambetta – Marché gourmand samedi matin - Scène ouverte : musique et danse samedi et dimanche
- Halle aux Veaux - Taulada (dimanche, repas traditionnel, sur réservation)