Travaux à venir
Dans le contexte du réaménagement de la place Gambetta en 2019, la restauration de cette porte emblématique a été étudiée. Son état actuel est consécutif des rénovations de 1971. Malgré son déversement important, la porte ne présente pas de désordres structurels. Les travaux de renforcement en sous-œuvre ont visiblement stabilisé les tassements et aucune fissure structurelle n’est apparue depuis les confortations. Des désordres constatés en 1953 et traités (fissures des parties hautes, affaissement de claveaux) ne sont pas réapparus.
Exposé à la pollution automobile avant la piétonnisation de 1974 et la proximité de la place, l’ensemble de l’ouvrage est très encrassé, surtout dans les parties peu lavées (intrados de l’arcade, renfoncements protégés, sous-face des corniches et bossages).
Les parements unis et moulurés seront nettoyés par cryogénie après traitement de l’ensemble par biocide. Les pierres des piliers étant majoritairement en bon état, il est prévu assez peu de remplacement.
Les ragréages au ciment seront piqués et remplacés par des ragréages à la chaux. Les éléments de pierre cassés seront restaurés soit par ragréage, soit par greffe. Les joints dégradés seront piochés et restitués à la chaux.
Restauration de sculpture
Les bas-reliefs et les groupes sculptés seront traités par biocide en plusieurs passes, puis par application de cataplasme à base d’argile. L’application de cataplasme permet de nettoyage mais également le dessalement des ouvrages. Une fois nettoyées, les sculptures seront minéralisées et renforcées. Sur les frontons, elles seront restaurées en conservation par ragréages. Sur le fronton est, des éléments de feuillages qui ont perdu en lisibilité seront remplacés par greffe. La création de solins permettra l’évacuation rapide de l’eau et préservera les ouvrages exposés. Les groupes sculptés seront également restaurés par ragréages et bouchons de pierre. Les éléments sculptés recevront un hydrofuge et un badigeon d’harmonisation.
Le saviez vous
L’actuelle Porte Dijeaux est la troisième du nom. La première, l’une des quatorze portes de l’enceinte romaine bordelaise du IVème siècle, était une simple ouverture percée dans l’épaisseur de la face occidentale de la muraille, à l’extrémité d’une longue rue droite. Elle aurait été, selon Camille Jullian, la porte de Jupiter, « porta Jovia ». En 1302, elle fut démolie et une autre reconstruite, dix à douze mètres plus à l’ouest, dans le mur de la nouvelle enceinte, entre deux tours rondes en saillie sur le fossé. Cette porte qui faisait communiquer la ville avec le faubourg Saint-Seurin, servait aussi de défense en cas d’attaque venant du faubourg. Elle remplit d’ailleurs ce rôle en 1650, pendant la Fronde, et résiste douze jours au siège du Maréchal de la Mailleray après qu’il eut, à la tête des troupes royales, occupé le faubourg Saint-Seurin.
Pour continuer les embellissements de Bordeaux effectués par l’intendant Tourny, les jurats décidèrent, en 1746, la création de la place Dauphine (actuelle place Gambetta) entre les anciennes portes du XIVème siècle Dauphine et Dijeaux et, en conséquence, la démolition de la demi-lune au-devant de celle-ci. En fait, la porte elle-même fut aussi détruite et, en 1748, commencèrent les travaux d’érection de la nouvelle œuvre de Nicolas Portier. Elle marque l’aboutissement sur la place Dauphine d’une longue rue droite qui, partant de la place royale ouverte sur le fleuve, n’est autre que l’ancienne artère romaine « decumanus » qui menait à la porte de Jupiter.