Avec ce nouveau projet, MACLA souhaite mettre en perspective 'Les masculinités', à travers une exposition artistique couplée à un débat où femmes et hommes s’interrogeront sur les masculinités. C’est quoi le « masculin » ? Masculin et féminin sont-ils toujours des antagonistes, comme c'est actuellement le cas dans la société occidentale ? Quelles sont nos expériences de la masculinité, et est-ce que cela change d’une société à l’autre ?
8 artistes latino-américain.es et français.es venu.es d’horizons différents et avec des expériences de vie diverses ont travaillé autour de ces questionnements, non pas dans le but d'apporter des réponses définitives mais plutôt pour ouvrir le dialogue à partir de leurs œuvres.
Les Masculinités
Lise Segas (chercheuse plumifère)
"Si les mouvements féministes sont parvenus à fissurer plusieurs murs de la société patriarcale moderne qui s'est employée à confiner les femmes à l'intérieur de la maison et dans le champ des émotions et à censurer toutes les alternatives aux modèles masculins et féminins traditionnels, ils ont également permis d'ébranler la construction d'une masculinité hégémonique imposée comme seul modèle aux hommes et comme idéal désirable aux femmes.
La fabrique des masculinités et l'expérience du corps masculin, à l'heure où les féministes et leurs allié.e.s se battent toujours plus pour la reconnaissance de leur place dans une société organisée par et pour les hommes, sont entrées dans une phase accrue de questionnements, doutes et transformations créatrices. Elles s'accompagnent d'une remise en cause de la hiérarchie, traditionnellement établie dans la société patriarcale entre masculin et féminin, allant même jusqu'à faire éclater le schéma binaire masculin/féminin. Ceci nous prouvant que la masculinité hégémonique, tout comme la féminité hégémonique, loin d'être "naturelles", sont bien des constructions sociales et culturelles d'une époque et d'une culture déterminées, largement tributaires des discours religieux, et qui, par conséquent, peuvent aussi être déconstruites.
Dans un tel contexte, il est fréquent d'assister à un « retour de bâton », un backlash, selon le terme de Susan Faludi, soit une guerre froide menée par des personnes, hommes et femmes, inquiètes de voir remis en question tout le système bâti à partir de cette supposée supériorité masculine et cette opposition binaire et sur lequel reposent aussi de très nombreux intérêts et privilèges de certains groupes dominants (fondant l'ordre politique, social, sexuel, religieux et économique). La crise de la virilité, entendue comme l'expression d'une masculinité dominante théorisée par un discours postulant l'infériorité essentielle des femmes et des "autres hommes" qui ne seraient pas "virils" ou puissants (étrangers, homosexuels, trans, etc.), est alimentée par le spectre de la crainte d'un effondrement des privilèges qui lui sont liés.
Toutefois, ce modèle viril peut aussi se révéler une cage, un carcan oppresseur pour nombre d'hommes qui ne veulent pas entrer dans un moule fait de violence, d'appétit pour la domination, la conquête et la guerre, parce qu’il se veut l’expression d'une supériorité illégitime qui ne peut s'imposer que par la force. Le rejet des émotions dans le champ du féminin assigné aux femmes, la revendication du rationnel comme caractéristique du masculin contraignent aussi nombre d'hommes à se faire violence à eux-mêmes pour refouler leur sensibilité et à faire violence aux femmes pour tenter de correspondre à un modèle de mâle dominant qui n'est qu'un piège pour tout.e.s.
Rappelons à toutes fins utiles que les violences liées à la domination masculine, connues sous le terme de machisme, sont tout sauf l'expression d'un discours rationnel mais bien celle d'une impuissance masculine à convaincre par les mots et la raison. Rappelons également que ces "crises" ne sont pas nouvelles et sont régulièrement réactivées depuis la fameuse Querelle des Femmes apparue au XVe siècle avec les écrits de Christine de Pisan qui avait osé remettre en cause l'infériorisation des femmes. Depuis lors, misogynes et philogynes n'ont cessé de s'affronter sur ces sujets.
À partir de ces réflexions et dans le cadre de la Quinzaine de l'Egalité, de la Diversité et de la Citoyenneté, MACLA souhaiterait mettre en perspective 'Les masculinités', à travers une exposition artistique conjuguée à un débat où femmes et hommes travailleront en harmonie. Ainsi postulons-nous que la création artistique nourrie des questionnements soulevés par les combats féministes permet aussi la libération des hommes, en plus de celles des femmes. Nous nous libérerons ensemble ou nous ne nous libérerons pas."
Programme
Du lundi 08 au samedi 20 novembre 2021
- Exposition Masculinités - Marché de Lerme (Place de Lerme, Bordeaux)
Vernissage, mardi 09 novembre à 18h00
- Mini concert avec le musicien Milos
Lundi 15 novembre à 18h00
- Dialogue : Les masculinités adolescentes à Veracruz (Mexique)
Par Cynthia Haro, étudiante en Master en Bordeaux -Montaigne.
Mardi 16 novembre à 18h30
- Table ronde : Masculinité.s?
Marie-Noëlle Gallois reçoit Martin Page, éditeur, auteur romancier et essayiste, Mylan Douthe, coordinateur de la Commission Nationale Politique de la Jeunesse chez APF France Handicap et Isaac Sumalavia, illustrateur et graphiste péruvien vivant en France.
samedi 20 novembre à 16h00
- Intervention : À la recherche d’une métaphysique du genre : une introduction + concert
MACLA est une association de loi 1901 installée à Bordeaux. Elle est constituée d’une dizaine d’artistes et bénévoles et son objectif est de diffuser l’art et de promouvoir la diversité culturelle de l’Amérique Latine en devenant une plateforme d’échanges culturels avec diverses communautés en France et à l’international. MACLA est un point de convergence pour les différentes activités artistiques et les différents acteurs culturels et interculturels de la région. Les axes de notre projet sont : la promotion de la diversité culturelle, la promotion de l’accès égalitaire à la culture et la diffusion des arts.
Plus d’information sur : www.maclart.fr