Malgré cinquante ans de règlementations thermiques de plus en plus drastiques, les bâtiments que l’on construit à Bordeaux, comme dans les autres métropoles, ne sont toujours pas au niveau des enjeux de demain.
Le label « Bâtiment frugal bordelais » vise à promouvoir un bâtiment préservant les espaces de nature existants, adapté au territoire, tourné vers les filières locales, soucieux de l’usage et de la qualité de vie de ses occupants, tout en réduisant ses impacts climatiques.
Le principe de ce référentiel ? Être adapté et compréhensible pour tous les porteurs de projet bordelais, particuliers comme professionnels. Le label sera attribué provisoirement à la délivrance du permis de construire et doit être confirmé à la livraison de l’ouvrage, en réunion publique, associant les habitants.
Pourquoi préconiser un bâtiment frugal … … et pas un bâtiment durable, basse consommation ou bas carbone ?
Le label « bâtiment frugal bordelais » se concentre sur des thèmes relevant de la frugalité. Le champ de la construction éco-responsable est bien plus vaste et les porteurs de projet pourront valider leurs efforts sur d’autres thèmes en parallèle. Les ambitions ont été adaptées aux spécificités du territoire bordelais et établies en cohérence avec la démarche Bâtiments Durables Nouvelle Aquitaine
Une ambition à la hauteur des enjeux
Un bâtiment frugal parce que, malgré cinquante ans de règlementations thermiques de plus en plus sévères, les bâtiments construits à Bordeaux comme dans les autres métropoles ne sont toujours pas au niveau de ce qu’exige le contexte climatique énergétique, écologique, et social de demain. On a réduit fortement les consommations pour le chauffage mais dans le même temps, les consommations électriques pour les autres usages s’envolent.
On a réduit les consommations annuelles mais on perd cet avantage en continuant à construire avec des matériaux, comme le ciment, qui sont des gouffres énergétiques en fabrication.
Le bâtiment frugal, comme son nom l’indique, maîtrise toutes les consommations et toutes les émissions polluantes quelles qu’elles soient.
Une approche multicritère
Un bâtiment frugal parce que, depuis un demi-siècle, nous sommes obsédés par la question énergétique et que, aujourd’hui, face au changement climatique, c’est le carbone qui nous obsède.
Dans l’approche réglementaire des bâtiments, on est en train de passer du monocritère énergie au monocritère carbone. Or la crise n’est pas seulement celle de l’énergie ou du carbone. C’est aussi l’épuisement des ressources en matières premières, la dégradation de la biodiversité, la perte de savoir-faire, la disparition de filières locales …
La conception du bâtiment frugal est multicritère. Elle repose sur un arbitrage entre toutes ces préoccupations. Sans oublier qu’un bâtiment n’est pas une machine. Il est fait pour des gens, des hommes et des femmes qui y vivent, travaillent, étudient … Et qui doivent y trouver du plaisir.< /p>
Le bâti plutôt que les systèmes
Un bâtiment frugal parce que le standard actuel des bâtiments basse consommation, ou bas carbone, doit largement ses performances à des systèmes techniques de grande efficacité énergétique : ventilation mécanique, pompe à chaleur ou chaudière à condensation, gestion technique de bâtiment etc… Mais cette efficacité énergétique s’obtient souvent au détriment d’autres préoccupations comme la qualité de l’air ou la qualité d’usage. Ces systèmes ont une durée de vie réduite de 20 ans au maximum et demandent un entretien que l’utilisateur ou le gestionnaire ne sont pas toujours en mesure d’assurer.
Au contraire, dans un bâtiment frugal, c’est le bâti qui assure l’essentiel des performances, par sa capacité à faire rentrer la lumière ou la ventilation naturelle, sa capacité à valoriser les apports solaires ou au contraire à s’en protéger… El le bâti est là pour des dizaines et des dizaines d’années. Sa performance ne dépend pas des aléas futurs de fourniture d’énergie.
Un Bâtiment frugal bordelais comment cela se présente ?
Le label comporte 42 ambitions réparties, parmi celles-ci, plus de la moitié sont des prérequis, passage obligé pour obtenir le label. L’autre part, les « si possible », est laissée au libre choix du porteur de projet et permet d’obtenir un niveau de label plus ou moins performant (1 à 3 étoiles).
Quelques ambitions à souligner parmi les ambitions pré-requises
- 01. Avant tout, il est demandé au porteur de projet d’effectuer une analyse du site et, en réhabilitation, un diagnostic de l’existant
- 02. De même, il est demandé de privilégier la réhabilitation à la construction neuve, de préserver des espaces de nature existants, plutôt que des coupes puis des replantations.
- 03. Impliquer les futurs usagers et riverains du projet
- 04. En logement, un espace extérieur d’au moins 10 m² est requis
- 05. Des protections solaires extérieures doivent équiper les orientations exposées
- 06. Le confort d’été passif est toujours la règle. Sans climatisation pour les logements, et avec un complément éventuel par climatisation, lorsque non évitable, pour le tertiaire. La ventilation naturelle est le principal dispositif requis pour le confort d’été
- 07. Maîtriser la quantité de matériaux mis en œuvre et recourir à des matériaux à faible impact (biosourcés, géosourcés ou réemployés) pour au moins 6 ouvrages du bâtiment en neuf, et 3 en réhabilitation ; les filières locales (moins de 200 km) sont privilégiées
- 08. Les besoins de chauffage ne dépassent pas 15 kWh/m²/an en logement (20 en tertiaire) neufs
- 09. L’artificialisation des sols est limitée
- 10. Un îlot de fraîcheur végétalisé est requis autour du bâtiment et, notamment, en frontage. Cet îlot de fraîcheur sera aussi un îlot de biodiversité
- 11. Les logements sont conçus pour être évolutifs, pour accueillir des trajectoires résidentielles variées
…. et quelques ambitions « si possible »
- 01. La mutualisation d’espaces ou de locaux
- 02. La ventilation naturelle hygiénique est recherchée
- 03. Les systèmes techniques simples et low-tech
- 04. L’anticipation des hausses des températures, orages exceptionnels, sécheresses exceptionnelles
3 profils de porteurs de projet
Le label s’adresse aussi bien à :
- Des particuliers non accompagnés par un professionnel devront répondre à des obligations de moyens sans avoir à effectuer de calculs trop détaillés.
- Aux particuliers accompagnés d’un professionnel sur tout ou partie du projet, on demandera, en outre, de calculer quelques indicateurs simples, notamment en bioclimatique
- Les porteurs de projet professionnels sont toujours accompagnés d’une équipe de maîtrise d’œuvre sachante et l’expression des ambitions, comme leur mode de justification, pourront être plus complexes.