.... nous fait rêver, ces plus de 3000 visages sur les façades de Bordeaux. Imaginez, tous ces visages masqués tournés vers les mascarons...
A l'origine les artistes de la Renaissance empruntent à l'Antiquité l'idée de ces figures décoratives. Le mascaron, dit Augustin-Charles d'Aviler en 1691 : « est une tête chargée ou ridicule, faite à fantaisie, comme une grimace, qu'on met aux portes, grottes, fontaines… Ce mot vient de l'italien Mascharone, fait de l'arabe Mascara, bouffonnerie ».
Bordeaux, une ville entière de masques : les mascarons de Bordeaux en slow
Au XVIIIème siècle, Bordeaux, avec le Port de la lune est prospère (commerce du vin, du sucre... des esclaves), et nombre d'architectes ( Jacques Gabriel et son fils Ange-Jacques Gabriel, Etienne Laclotte, André Portier, Victor Louis, Nicolas François Lhote, Louis Combes, Richard-François Bonfin...) créent des mascarons.
Et si on oubliait les circonstances historiques pour entrer dans une "balade slow" habitée de visages, visages de dieux antiques, de carnaval, d'anges, d'africains, de fauves, de symboles maçonniques, juifs, chrétiens...
Mieux encore, des visages qui nous parlent directement, comme d'esprit à esprit, hors du temps, comme si nous étions à la fois ici, maintenant, notre visage tendu vers le ciel, et qu'un autre visage, de pierre, nous retienne et nous projette, à la Proust, dans une mémoire involontaire, une réminiscence aléatoire et improbable, le visage de nos mémoires enfouies, le visage des turpitudes esclavagistes de nos ancêtres, le visage ironique de la vie, le visage lunaire à la fois présent et passé, de rêve et de nostalgie... et tant d'autres.