Depuis l'antiquité et encore de nos jours, des hommes, des femmes dans la Cité de Bordeaux, se sont levés, se sont réunis, se sont battus pour lutter contre les envahisseurs barbares, les monarchies absolues, les dictateurs sanguinaires, en un mot contre tous ceux qui, profitant de leurs privilèges de commandement, ont voulu porter atteinte par les armes à la dignité humaine.
Pour la première fois, un ouvrage met en valeur les hommes ou les femmes qui ont pris, par intérêt ou par amour, la défense de notre territoire aquitain et de ses habitants ; à chacun d'apporter son propre jugement à travers les biographies mises en valeur.
Bordeaux une cité venue de nulle part
L’histoire de Bordeaux se perd dans la nuit des temps. Aucune fée n'a donné un coup de baguette magique pour désigner l’emplacement de la future cité, aucune déesse ni martyre n’ont trouvé refuge en ce lieu, aucun dieu n’a porté son dévolu sur ces terres marécageuses.
Bordeaux s’est créée d’elle-même, puis a grandi dans son berceau naturel en forme de croissant de lune. Mélangeant l’eau, don de la nature, et le vin, génie de l’Homme, la voici, aujourd’hui, malgré ses 2.000 ans d’âge, plus belle, plus courtisée, plus indépendante que jamais.
Cette saga de Dame Bordeaux, deux fois millénaire, nous allons vous la conter, en nous appuyant sur les fondateurs, les bâtisseurs, les "hommes de bonne volonté" mais aussi et surtout sur ceux et celles qui ont refusé de mettre un genou à terre face aux doctrines dominantes et avilissantes de l'être humain. Nous voulons dans cet ouvrage rendre hommage à ces personnages, souvent puissants, qui ne furent pas forcément des saints ou des héros intègres.
Bordeaux tombe sous la coupe romaine
En 56 av. J-C. la prise de l'Aquitaine puis de Burdigala par le légat Crassus à la tête de ses légions romaines va transformer les paysages et les mentalités.
Les tribus gauloises habitent dans de petites huttes faites de branchages et de torchis. Elles se soumettent pratiquement sans coup férir aux légions romaines. Les Romains de leur côté, s'ils imposent leurs lois, respectent les us et coutumes des tribus soumises. Les chefs gaulois, profitant des bienfaits de cette "Pax Romana", se mettent au service de l’Empire romain. Bordeaux, sous le nom de Burdigala, surnommée "La Petite Rome" brille par son excellence dans tous les domaines. En 70, l’empereur Vespasien élève ce port fluvial (emporium) au rang de capitale de la province romaine d’Aquitaine.
Burdigala ville nouvelle, ville marchande, ville ouverte
Les Romains bâtissent une ville en pierre avec villas somptueuses, thermes, théâtre, piliers de Tutelle (forum) et temples païens. Ils implantent la vigne, développent l'agriculture et l'élevage, maîtrisent les eaux par des ponts et des aqueducs. Ils ouvrent de grandes voies routières vers le sud, le centre et le nord. Les Gaulois admiratifs de l'organisation de Rome participent à l'élévation de Burdigala, ville ouverte et prospère où des navires grecs, bretons, ibères, celtes ,échangent l’étain, le cuivre, la céramique, les outils, les fruits, les céréales et le vin, déjà célèbre, sous le nom de cuvée Biturica. La cité se développe autour de deux grands axes, le Cardo (rue Sainte-Catherine) et le Décumanus (rue Porte Dijeaux, rue Saint-Rémi). Elle accueille lettrés et rhétoriciens de toute l'Europe dans son Auditorium (université), magistrats, gouverneurs et diplomates dans son Forum, artistes dans son Amphithéâtre (Le Palais Gallien peut accueillir 15.000 personnes).
Les grandes familles gauloises se sont ralliées à Rome, elles parlent latin et s’intègrent dans la culture et la civilisation gréco-romaine.
Dans le nouvel auditorium ou université, que Rome vient de créer à l’intérieur du Forum près des piliers de Tutelle (emplacement actuel Grand-Théâtre) on y apprend
- la rhétorique ou l’art de bien parler,
- la poésie ou l’art de bien parler en vers,
- la grammaire ou l’art de bien parler sans faire de faute,
- la science et le droit.
C’est à Bordeaux que se forment les gouverneurs, les rhéteurs, les grands hommes d’esprit. L’auditorium de Burdigala, réputé pour son culte de l’Éloquence, brille sur toute l’Europe.
Après le passage des Barbares et le sac de Burdigala en 276, les Romains fondent une nouvelle Université en l'an 286. Sous la direction d'érudits, elle dispense un enseignement à deux degrés, le premier consacré à l'étude de la grammaire, du grec et du latin, le second à la maîtrise de la rhétorique. Le Burdigala romain redevient le centre intellectuel de l'Europe. C'est dans ce "climat de civilisation" et de "coexistence pacifique des peuples" que s'épanouit la famille Ausone : une famille d'origine gauloise ralliée à la cause romaine au point d'en oublier ses origines celtes pour se fondre dans Rome, d'en adopter les grandes lignes et surtout de bénéficier de tous les bienfaits culturels, militaires et politiques qu'offre l'Administration romaine.
L’Histoire de Bordeaux (en six volumes) parmi les personnages de l’Antiquité qui firent de Burdigala la ville de la culture européenne nus avons mis en valeur
- Caïus Pius Tetricius : sénateur, gouverneur, empereur
- Meriopius Paulinus : poète, sénateur-consul, évêque
- Decimius Ausonius : rhéteur, poète, préfet, consul
Attardons-nous sur AUSONE
Dans la cité romaine de Burdigala naît, vers l’an 309, Decimus Magnus Ausonius dit Ausone, fils par sa mère, d'Æmilia Æonia riche propriétaire, par son père, de Julius Ausonius, médecin réputé à Bazas, préfet d’Illyrie et archidiacre de l’empereur romain Valentinien Ier.
Études brillantes et beau mariage
Ausone étudie à Burdigala puis à Tolosa (Toulouse) sous la direction de son grand-oncle paternel Æmilius Magnus Arborius, avocat et précepteur de la famille impériale, auteur notamment d’un poème en vers élégiaques. Après son mariage avec la riche Hattusa Lucana Sabina, fille du sénateur Attusius Lucanacus Talisius, il dispose d'une dizaine de domaines englobant plusieurs villas. De retour à Bordeaux, Ausone abandonne le droit, devient grammairien puis rhéteur. Il compte par
Decimus Magnus Ausonius dit Ausone
mi ses élèves Paulin de Nole, futur évêque.
Précepteur du fils de l'Empereur
En l’an 340, aux alentours de ses trente ans, Ausone se voit appelé par l’empereur Valentinien 1er pour devenir, à la cour de Trèves, précepteur de son fils Gratien alors âgé de cinq ans. En plus de l'éducation du dauphin, il va célébrer la Moselle qui arrose Trèves et qui va "jusque chez les Germains, chercher son embouchure".
Lorsqu'il arrive à Trèves ("Augusta Treverorum" fondée en l'an 16 av. J-C.) capitale et résidence impériale, surnommée la "Seconde Rome", Ausone ne se sent pas dépaysé, et le fait savoir dans son poème La Moselle extrait de son plus réputé recueil "Les Idylles".
Quelques extraits littéraires de l'œuvre d'Ausone
Bordeaux ma patrie
Bordeaux est mon pays natal ; là, le ciel est doux et clément, le sol grâce aux pluies, bon et fertile, le printemps long, l'hiver attiédi dès le retour du soleil ; les fleuves y ont un courant bouillonnant qui, le long des collines plantées de vignes, imite le remous de la mer. Ses remparts de forme carrée s'élèvent en des tours si hautes que leur faîte perce les nuages du ciel.
À l'intérieur de la cité, on peut admirer des voies bien tracées, des maisons bien alignées, de larges places dignes de leur renom, des portes qui répondent en droite ligne aux vis-à-vis des carrefours. Au milieu de la ville, le lit d'un fleuve, alimenté de fontaines, quand l'Océan, père des flots, l'a rempli du reflux de ses ondes, il offre le spectacle d'une mer en marche avec ses flottes.
Bordeaux a mon amour, Rome ma vénération : de l'une je suis citoyen, dans toutes les deux je suis consul ; ici est mon berceau, là ma chaise curule" (Siège en forme de pliant, symbole de pouvoir réservé aux hauts magistrats).
Ausone ma famille
À tout moment du jour
"Je vécus quatre-vingt-dix ans, sans bâton, avec l'usage entier de mon corps et l'esprit toujours dispos pour tous les devoirs. J'ai toujours évité la foule et le tapage ; de l'amitié des grands, j'ai fui le témoignage, il est toujours menteur. !"
Ausone traverse une période de l'histoire où malgré la puissance du Sénat romain, le meurtre reste le plus rapide chemin pour accéder au pouvoir. "Je bannis les excès et ma raison repousse le plan des factieux" affirme--t-il.
Entre les collines de Trèves et les coteaux de Bordeaux, entre Burdigala, la Petite Rome et Treverorum, la Seconde Rome, entre la verte Moselle et la blonde Garonne, vécut un ambassadeur poète gastronome du nom d'Ausone.
"Burdigala… Ô ma chère patrie, si recommandable par l’excellence de vos vins, par la beauté du fleuve qui baigne vos murs, par l’Esprit de vos habitants, par la douceur de leurs mœurs et par la célébrité de votre Conseil (sénat), je me reproche depuis longtemps ce silence sacrilège qui m’a empêché jusqu’à ce jour de vous mettre au rang des premières Villes du Monde".
(Ausone Premier Consul, Rome, vers l’an 380).
Ceci constitue le prélude de l’Histoire de Bordeaux en six volumes à travers les personnages qui ont façonné Bordeaux… L’Esprit de Bordeaux…
HISTOIRE DE BORDEAUX

L’association culturelle éditrice "Les Dossiers d’Aquitaine et d’Ailleurs" et son équipe rédactionnelle, à l’occasion de son quarantième anniversaire, va publier une Histoire de Bordeaux, en six volumes, intitulée "D’Ausone à Mauriac, de l'Antiquité à nos jours, 2000 ans d’Histoire par les personnages qui se sont engagés pour que vivent libres Bordeaux et la Guienne".
À suivre l’époque d’Aliénor d’Aquitaine avec les personnages
- Aliénor d'Aquitaine : reine de France, reine d'Angleterre
- Arnaud Cailhau : maire, président de la "première république" de Bordeaux...
- Bertrand de Got, Clément V : archevêque, pape
- Prince Noir, Edward de Woodstock : prince d'Aquitaine
Crédit Rédactionnel Les Dossiers d’Aquitaine