MARC MINKOWSKI, directeur général de L'OPERA NATIONAL DE BORDEAUX nous présente cette saison
"Il n’est pas défendu d’attendre et il est toujours agréable d’espérer » chante Carmen à l’Acte II du chef-d’œuvre éponyme de Bizet."
Après plus d’un an et demi de contexte sanitaire extrêmement difficile, cette saison résonne comme un élan d’espoir. Elle s’ouvre par une des pages les plus fameuses du grand opéra à la française, avec Robert le Diable de Meyerbeer.
Puis se poursuit sur le terrain lyrique avec les partitions de Poulenc, Escaich, Massenet, Donizetti et Mozart, complétées par l’une des créations les plus célèbres de Molière, dont nous fêtons le 400e anniversaire.
Imaginées par Paul Daniel et emmenées par les musiciens de l’ONBA, les pages symphoniques conjuguent les « classiques » du répertoire - Symphonie nº41 de Mozart, Symphonie nº2 de Sibelius ou de Beethoven -, mais abordent aussi des rivages plus rares où brillent des compositeurs comme D’Rivera, Dessner, Piazzolla, Lutoslawski...
Avec Quatre Tendances ou La Sylphide le Ballet jongle avec les styles tout en proposant une merveilleuse création d’Angelin Preljocaj – Mythologies - qui parachève la collaboration entamée voici 4 ans avec notre maison. La saison de récitals est fascinante, réunissant Angela Gheorghiu, Diana Damrau, Elisabeth Leonskaja, Philippe Jaroussky, Ivo Pogorelich...
Sans oublier les rendez-vous de musique de chambre, de jazz, la saison jeune public, les propositions hors-les-murs et les projets pédagogiques (dont la 9e Symphonie de Beethoven que je dirigerai avec les élèves du PESMD et du Conservatoire de Bordeaux ainsi qu’avec la Maitrise JAVA) ... Espoir donc. Et joie immense de retrouver le public.
COMMENT A ÉTÉ PREPARÉE LA SAISON 21-22 ?
Cette préparation a été singulière car au-delà de la saison planifiée bien en amont, il a fallu, au fur et à mesure, en dialogue permanent avec les partenaires et les agents, intégrer des reports de spectacles annulés pendant la période de fermeture des salles, renoncer à certaines productions trop coûteuses ou incompatibles avec les contraintes de distanciation, ou les ajuster ; par exemple, l’opéra Robert le Diable sera présenté en version de concert et non mis en scène comme initialement envisagé. Il est à noter que la saison 2021-2022 est cependant tout aussi ambitieuse que les précédentes : le nombre d’artistes invités est identique, et 123 programmes sont annoncés (contre 120 en 2020-2021), ainsi que 248 lever de rideaux (230 étaient annoncés la saison précédente). L’ONB n’a transigé ni sur la qualité, ni sur la richesse de sa programmation.
APRES UNE ANNÉE DE CRISE SANITAIRE, LA CONCEPTION DES SPECTACLES VA-T’ELLE CHANGER ?
En raison du contexte économique difficile, la programmation a dû se faire dans un cadre budgétaire contraint. L’exigence de qualité reste néanmoins l’engagement de l’ONB et de ses équipes, au regard de ses labels nationaux. La direction de l’ONB attend de connaitre l’évolution du protocole sanitaire pour adapter en conséquence le travail artistique, si cela s’avère nécessaire. Le public en serait bien entendu informé en amont.
Les temps forts de la saison 2021/2022
Côté lyrique tout d’abord, l’ouverture de saison de l’ONB se fera avec une « rareté » : Robert le Diable. Comme avec Le Démon il y a deux ans, l’institution tient à dénicher des pépites rarement jouées pour son public. L’opéra Voix Humaine / Point d’Orgue sera ensuite joué pour la première fois en public : la production au Théâtre des Champs-Elysées a eu lieu à huis-clos ce début d’année 2021. La cheffe Nil Venditti viendra pour la première fois à Bordeaux diriger L’Elixir d’Amour. Le ténor star Benjamin Bernheim interprètera son premier Werther en version scénique sur la scène de l’ONB. Et évidemment, la Trilogie Mozart-Da Ponte est très attendue, car donnée pour la première fois à Bordeaux. En récital, la venue (pour la première fois à l’Auditorium) de Philippe Jarrousky est un événement !
Côté danse, le public pourra enfin découvrir en vrai la nouvelle production de La Sylphide à Noël. Le ballet Quatre Tendances verra deux entrées au répertoire, et une première collaboration pour le Ballet avec les chorégraphes Sol Leon et Paul Lightfoot. L’autre grande nouveauté de cette saison de danse : la création mondiale de la pièce d’Angelin Preljocaj, Mythologies, qui réunira sa compagnie et celle de l’ONB sur scène, avec une création musicale de Thomas Bengalter.
Côté symphonique, l’accent est mis cette année sur l’ouverture (via de nombreux projets hors-les-murs), les projets multiformes et transdisciplinaires ! Le tout premier concert de l’ONBA sera un concert pour les enfants, une conception imaginée par Rachel Leach du prestigieux London Philharmonic Ochestra, dirigé à Bordeaux par Fiona Monbet : « Cherche et Trouve autour du Monde ». L’ouverture de saison symphonique se fera avec l’accordéoniste Félicien Brut. L’ONBA prépare également plusieurs projets jazz-sympho, et la saison jazz verra de prestigieux invités comme Marcus Miller et Chucho Valdes. Le concert de Noël invitera le pianiste de jazz Jacky Terrasson, pour toucher de nouveaux publics. Ce dernier restera d’ailleurs deux semaines in situ pour proposer différents temps forts. Joseph Pons viendra diriger le Ring sans paroles, concert jamais donné encore à Bordeaux. Et de nombreux chef(fe)s feront leur « première » aux côtés de l’ONBA : Nil Venditti, Marta Gardolinska, Manuel Hernandez Silva, etc. A noter également, le festival Esprit du Piano qui accueille de véritables prodiges, et le report très attendu de l’édition « Monstres et Créatures » du Festival Ciné-Notes. Parmi les nombreux invités de cette saison à l’Auditorium, la venue Iggy Pop est un événement, et de grands solistes comme Simone Lamsma et les sœur Labèque se produiront aux côtés de l’ONBA. Enfin, plusieurs créations seront proposées au public.
Sans oublier les compagnies invitées : la chorégraphe Raphaëlle Boitel sera également une artiste importante de cette prochaine saison, avec deux propositions sur la scène du Grand-Théâtre, dont une création. Elle avait pu investir les toits de l’Opéra mais pas encore la scène ! L’Orchestre des Champs-Élysées fêtera ses 30 ans et sera de passage pour la première fois à l’Auditorium pour cette occasion.
