Les 11 et 12 avril 2019, c'est ainsi une véritable expérience sensorielle qui sera proposée à l'Auditorium de Bordeaux, portée par la compagnie bordelaise Clarac et Delœuil > le lab. L'ONBA, dirigé à cette occasion par le chef Pierre Dumoussaud, entremêlera la partition à des séquences vidéo tournées à Jérusalem, au son de la voix d'une récitante d'exception: l'inénarrable comédienne Carole Bouquet.
UNE PARTITION SUBLIME …
C’est le grand retour du tandem bordelais Clarac et Delœuil à l’Opéra de Bordeaux, pour la « mise en espace » de l’une des plus belles partitions de Joseph Haydn. Une partition composée en 1786 pour l’office du Vendredi Saint de Santa Cueva, à Cadix, où elle fut créée l’année suivante dans une église tout entière tendue de noir ; une partition recueillie et souvent poignante, dont Haydn devait tirer par la suite un quatuor à cordes et un oratorio. Quelles visions cette œuvre saura-t-elle inspirer au détonant duo de scénographes ?
… POUR UN CONCERT POETIQUE ET HUMANISTE MELANT MUSIQUE ET VIDEO
Jean-Philippe Clarac et Olivier Delœuil proposent ici une interprétation contemporaine de la composition originelle. L'intention de Haydn, via son œuvre, était de produire une musique capable de s'adresser à l'âme de tous les auditeurs et susciter l'émotion.
Durant un concert-méditation, les spectateurs, plongés dans le noir, vivront une vraie expérience auditive et visuelle. A l'écoute : la partition bien sur, mais aussi un collage de textes associant des extraits de l’Ecriture Sainte à des bribes issues de la littérature mondiale. A contempler : les émotions brutes de 7 habitants de Jérusalem, filmés durant 7 séquences musicales tandis qu'ils écoutent la musique de Haydn. Les visages, en plans fixes, pour rappeler que la musique est un art qu'il s'agit de ressentir, avant "d'expliquer", susceptible de toucher tous les Hommes.
DES INVITES D'EXCEPTION
.... PIERRE DUMOUSSAUD A LA BAGUETTE ET CAROLE BOUQUET "A LA VOIX"
L'ONBA sera dirigé durant les deux représentations par Pierre Dumoussaud. Il n'a pas 30 ans et compte déjà parmi les chefs d'orchestre français reconnus. Pour son écoute, la précision de sa direction musicale et son expérience déjà pointue aux côtés des plus grandes formations symphoniques (il fut d'ailleurs chef assistant de l'ONBA de 2014 à 2016), mais aussi pour ses engagements : témoignant d’une attitude particulièrement volontaire dans le domaine de l’action culturelle, il a notamment imaginé et dirigé de nombreux spectacles à destination du jeune public.
A ses côtés, une récitante de prestige : la comédienne Carole Bouquet. Présente tant sur les scènes de théâtre (Heureux les heureux de Yasmina Reza au Théâtre Hébertot en 2018) qu'au cinéma (elle est en train de tourner Voyez comme on danse de Michel Blanc qui sortira en salles en octobre prochain), sa voix reconnaissable entre mille transportera les spectateurs.
UN CONCERT-MEDITATION
... propos de JEAN-PHILIPPE CLARAC & OLIVIER DELŒUIL
"Pour Les 7 Dernières Paroles du Christ en Croix, Joseph Haydn avait souhaité composer une musique qui soit immédiatement accessible et profondément humaine, «de telle sorte que l’auditeur, même le moins averti, soit ému au plus profond de son âme»...
Voici donc quelques auditeurs, qui découvrent la musique de Haydn, et comme saisis dans leur écoute, aucœur de Jérusalem: des pèlerins d’Amérique Latine, rassemblés à l’entrée du Saint Sépulcre; Rami, un moine éthiopien orthodoxe sur le toit de son église; Roni, une jeune soldate israélienne dans la Citadelle de David. Mais aussi Mohamed, étudiant palestinien installé devant le Dôme du Rocher et Barbara, qui se promène sur les terrasses du quartier juif. Ensuite Simon et Noémie dans le marché Mahane Yehouda; Mathilde et Natacha, dans le Jardin de Gethsémani. Et finalement Philippe et Kfir, dans un taxi garé en haut du Mont des Oliviers. Quelques auditeurs anonymes pour la musique de Haydn... anonymes comme nous tous, rassemblés en ce moment dans cette salle.Projetés sur le retable qui se dresse devant nous, ces visages de Jérusalem nous regardent droit dans les yeux, tandis qu’ils écoutent exactement la même musique que nous. A côté d’eux, un Narrateur nous accompagne à travers la littérature inspirée des 7 Dernières Paroles. C’est un concert. C’est une méditation. C’est un concert-méditation qui relie,à travers l’espace et le temps, les lieux historiques de la Crucifixion, la Jérusalem actuelle, les 7 Paroles et l’universalité du message de Haydn, simplement donnée à lire sur ces visages, immenses comme des paysages."
INTENTIONS
.... Production Clarac-Delœuil > le lab – 2015
« Chacune des sonates, chacun des textes est rendu par une musique uniquement instrumentale, de telle sorte que l’auditeur le moins averti sera ému au plus profond de son âme. » -(Haydn, lettre à l'éditeur W. Forster, 8 avril 1787)
A leur création en 1787, les 7 Dernières Paroles du Christ en Croix avaient été composées pour accompagner un rituel mystique profondément théâtral : dans une église quasiment plongée dans l’obscurité, les spectateurs suivaient l’alternance de lectures et de méditations musicales, illustrant les 7 dernières paroles christiques.
Revisitant pour les spectateurs d’aujourd’hui une atmosphère théâtrale proche de celle de la création, ce concert-méditation leur propose des séquences poétiques et contemplatives qui les laissent libres de méditer le message humaniste au cœur de l’œuvre.
S’adressant au public depuis un échafaudage métallique, dressé comme un retable stylisé, un(e) narrateur(trice) y lit une sélection de textes, choisis dans les patrimoines religieux, philosophiques et littéraires les plus divers. Ce collage de textes souligne l’universalité, mais aussi toute l’actualité, des 7 Dernières Paroles.
En relation avec ces 7 lectures, des vidéos projetées sur le « retable » transportent les spectateurs au cœur de Jérusalem, de nos jours : 7 habitants anonymes y sont filmés en gros plan, et en temps réel, pendant qu’ils écoutent les 7 sonates de Haydn. Dans le même temps, les passages musicaux correspondants sont joués en direct, devant le narrateur et les spectateurs rassemblés dans l’obscurité.
Par ce nouveau rituel scénique et vidéo, ce que nous donnons à contempler, c’est la poésie du processus d’écoute de la musique de Haydn, tel qu’il est retranscrit sur un visage pendant sa toute première audition, de la vieille ville de Jérusalem à nos salles de concerts modernes, du texte biblique à l’Europe d’aujourd’hui.
