.... inédites du peintre Georges Dorignac (1879-1925) et conservées pour la plupart en mains privées. Visant à mettre en avant l’art très personnel de Dorignac, l’exposition se concentrera sur les saisissantes feuilles monumentales « au noir » de la période de maturité qui firent sa réputation. L’artiste composa des images puissantes, servies par une science irréfutable du dessin comme du modelé, de l’anatomie et de l’expression. La dimension proprement sculpturale des dessins noirs de Dorignac fut d’emblée perçue par les contemporains de l’artiste.
Rodin aurait déclaré : « Dorignac sculpte ses dessins. […] Regardez ce sont des mains de sculpteur. »
L’exposition évoque par ailleurs la contribution de Dorignac dans le domaine des arts appliqués – tapisserie, céramique, mosaïque, vitrail – à travers des projets présentés pour la première fois au public et restaurés spécialement à cette occasion. Ces derniers témoignent de son exceptionnel « sentiment décoratif » et de l’éclectisme de son inspiration puisée aux sources de l’art médiéval, populaire ou encore oriental.
Né à Bordeaux le 8 novembre 1879, Léon-Georges Dorignac intègre, à l’âge de treize ans, l’école municipale des Beaux-Arts de Bordeaux. En 1899, il s’installe à Paris et entre à l’École des Beaux-Arts, dans l’atelier du peintre Léon Bonnat, qu’il quitte néanmoins très vite pour sillonner l’Espagne.
De 1912 à 1913, Dorignac abandonne la couleur et exécute une série de dessins à la sanguine ou au fusain représentant des portraits (souvent réduits à des têtes, voire à des masques), des nus féminins et des figures de travailleurs champêtres ou citadins. Les oeuvres de cette période dite « noire » seront exposées entre autres à la Galerie Durand-Ruel et accueillies très positivement tant par les artistes que par la critique et les collectionneurs.
Participant à l’effervescence cosmopolite de l’École de Paris, tout en empruntant une voie très singulière et indépendante, Dorignac est proche des sculpteurs Lamourdedieu ou Charles Despiau, son ami de jeunesse, et bénéficie des encouragements de Modigliani ou de Soutine, ses voisins à La Ruche.
Tombé dans l’oubli après sa mort prématurée en 1925, il fut redécouvert dans les années 1990 grâce à l’oeil avisé de collectionneurs et de marchands. La première exposition monographique que lui consacrent aujourd’hui les musées de Roubaix et de Bordeaux rend enfin justice au talent encore largement méconnu d’un artiste qui mérite de retrouver une place de choix dans l’histoire de l’art moderne.
L’exposition de Bordeaux, quelque peu différente de celle de Roubaix, présente notamment des oeuvres de jeunesse de l’artiste permettant de suivre son évolution stylistique du néo-impressionnisme de ses débuts à l’épanouissement de son style plus personnel. Enfin, des sculptures de son ami Charles Despiau feront écho, dans l’exposition, à ses dessins au trait sculpté.
![]() |
![]() |
Portrait de Georgette, 1906 - Huile sur toile © Collection Meunier du Houssoy |
Mère et enfant, 1906 - Huile sur toile Collection particulière |
La vie de Georges Dorignac en quelques traits
Né à Bordeaux le 8 novembre 1879, Léon-Georges Dorignac intègre, à l’âge de treize ans, l'école municipale des Beaux-Arts de Bordeaux, où ses travaux lui valent durant six années de nombreux prix. En janvier 1899, il s'installe à Paris et entre, à l'École des Beaux-Arts, dans l'atelier du peintre Léon Bonnat qu’il quitte rapidement pour passer un an en Espagne. Dès 1901, le peintre (qui signe alors Jorge Dorignac) expose aux Indépendants avec des artistes espagnols tels que Isidro Nonell y Monturiol ou Dario de Regoyos et se voit alors rattaché à l’école espagnole.
Buste de Georges Dorignac par Marcel Damboise
© Bordeaux Musée des Beaux-arts - DocumentationDe retour à Paris en 1902, il investit vers 1910, et jusqu’à sa mort, deux ateliers au fond du jardin de la cité d’artistes de La Ruche dans le quartier de Montparnasse. Il livre à ses débuts des peintures et aquarelles très colorées, nettement influencées par l'art impressionniste et néo-impressionniste. Renoir, Millet ou Signac figurent parmi ses maîtres, tandis que le critique Roger Marx rapproche en 1906 sa production de celle de Berthe Morisot.
De 1912 à 1913, Dorignac abandonne la couleur et exécute une série de dessins à la sanguine ou au fusain représentant des portraits (souvent réduits à des têtes, voire des masques), des nus féminins et des figures de travailleurs champêtres ou citadins. Les oeuvres de cette période dite « noire » seront exposées à la Galerie Durand-Ruel et accueillies très positivement tant par les artistes que par la critique et les collectionneurs. Appelé au front durant la Première Guerre mondiale, Georges Dorignac est démobilisé pour raisons de santé et entreprend de nombreux projets de décoration (vitrail, tapisserie, céramique et mosaïque). Il cesse définitivement de participer au Salon des Indépendants, et rejoint le Conseil d'administration du Salon d'Automne, dont il signe le manifeste en 1922.
Envoyant des oeuvres également au Salon de la Nationale des Beaux-Arts et aux Tuileries, il expose, en 1924, aux côtés d'Henri Manguin, de Charles Camoin ou de Georges d'Espagnat, à la galerie Marcel Bernheim qui lui consacre, à la fin de l’année 1925, quelques mois avant sa disparition prématurée, une première rétrospective, suivie d’une seconde exposition personnelle, posthume, en 1926.
Participant à l’effervescence cosmopolite de l’École de Paris, tout en empruntant une voie très singulière et indépendante, Dorignac est proche des sculpteurs Lamourdedieu ou Charles Despiau, son ami de jeunesse, et bénéficie des encouragements de Modigliani et de Soutine, son voisin à La Ruche. Il devient en outre, par le mariage de ses quatre filles, le beau-père des peintres Haïm Epstein et André Hébuterne et des sculpteurs Louis Dideron et Marcel Damboise.
![]() |
![]() |
Combat de chèvres, vers 1903 fusain et estompe sur papier Saint-Émilion, collection particulière |
Chouette, non daté fusain sur papier Collection particulière |
Le 21 décembre 1925, Léon-Georges Dorignac, admis à l’hôpital Saint-Michel à Paris, meurt à la suite d’une opération de l’estomac. Dans les mois qui suivent sa disparition, des expositions et des hommages conséquents sont organisés en sa mémoire, notamment au sein de l’exposition rétrospective des Indépendants, Trente Ans d’Art Indépendant (1884-1914), du Salon d’Automne et du Salon des Tuileries.
![]() |
|
|
Georges Dorignac, Affiche du Salon d’Automne de 1922, 1922 Estampe Moderne Sportive |
Village du Pays basque ou Les Ruelles, vers 1921 |
Femme nue ou Femme qui s’essuie après le bain, avant 1920 © Bordeaux, musée des Beaux-Arts |