Bordeaux : exposition sur le tram ligne C

"Regarde-moi !" Première exposition mobile et éphémère à Bordeaux sur le tramway ligne C. Tatouer le tram avec 40 tableaux de visages et regards féminins. Créer la surprise, offrir l’inattendu sur le chemin de la vie, provoquer la rencontre, ouvrir les yeux, questionner le quotidien et transformer le tramway en objet artistique commun pour le spectateur-voyageur.

« A travers une série de portraits de fiction (statues, mannequins, représentations féminines réinventées), j’ai voulu m’interroger sur le dialogue silencieux des regards dans l’espace public et dans l’espace intime d’une rame de tramway. »

Exposition-Tram Ligne C

INTERIEUR

Nos yeux se cherchent, se rencontrent, se confrontent, s’épient, se défient, s’interrogent, se censurent et tentent aussi paradoxalement de ne pas se croiser. Dans cet espace commun, une règle tacite : regarder ailleurs, baisser les yeux, échapper à l’emprise, ne pas être harponné. Comme si notre regard sur l’autre devenait gênant, incompréhensible, intrusif. On fixe la fenêtre, le plafond, ses pieds, un téléphone, parcourt un livre, un journal pour éviter l’autre qui nous dit tant de choses, qui nous laisse imaginer tant de choses, qui suscite tant de sentiments, qui inquiète, qui menace, qui provoque, qui aime, appelle à l’aide ou nous ignore. Alors le temps du trajet, on ferme ses yeux, on s’absente, gagnés par une cécité protectrice.

« Je pense pour l’avoir observé que ce jeu plus ou moins voulu des regards est une source d’inquiétude pour les femmes. »

Exposition-Tram Ligne C 4

EXTERIEUR

Comment le regard peut-il déclencher ces sentiments antagonistes ? Y’a t-il un regard féminin et un regard masculin. Pourquoi a t-on parfois le sentiment d’être invisible ou au contraire scruté. Et enfin est-ce que je vois le même réel que l’autre? Quelles sont les histoires qui naissent de ces rencontres fugaces. Quels sont les romans que nous écrivons le temps d’un trajet, entre deux stations et quelles images vont naitre de cette rencontre entre ces portraits et les spectateurs- voyageurs. Quelles réponses donner à cette demande : « Regarde-moi »

 

Et enfin, cette intrusion inattendue de l’art dans le paysage. La réécriture des lieux par un objet usuel devenant vecteur d’art. Une réalisation éphémère, un matériau fragile sur une carlingue puissante, la vitesse du temps, de l’image en mouvement, face à ce mirage, qui passe, fugace, ces yeux immobiles sous le regard tranquille du passant...Cette œuvre qui apparait puis se dissipe laissant la rue silencieuse et abandonnée.

Où vont ces femmes ? Demain, dans l’espace virtuel, ces passagères du temps apparaitront pour un dernier voyage, fugitif avant de s’éteindre à jamais.

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BIOGRAPHIE

Rodolphe Martinez est né à Mont de Marsan (France) en 1969 et vit à Bordeaux

Artiste plasticien, son travail multiforme oscille entre la photographie, la peinture, la vidéo, les installations ou encore le design. Une production hybride et singulière où se croisent techniques numériques et techniques plus traditionnelles : peintures, sculptures, découpages et collages. Ses sources d’inspiration sont multiples, on y trouve des références à la peinture, à la sculpture, au cinéma. Des références aussi bien antiques que contemporaines. Des portraits du Fayoum à Lynch, de Zurbaran à Turner, de l’art sacré à Mapplethorpe.

La nature, le corps féminin, les portraits, le vin, le sacré et la Ville restent ses thèmes et ses interrogations de prédilection. Il capte, accumule, découpe, superpose, fond, recouvre, peint, manipule pour livrer une vision fantasmagorique, transcendée par la couleur, que l’observateur peut interpréter librement. Il fonctionne par obsession, répétition, déclinaison. Il collecte des milliers d’images qui deviennent une matière première. Il stocke des images banales, des fragments, des samples d’oeuvres, des instants, des morceaux du réel qui seront ultérieurement utilisés seuls, déplacés, triturés, fondus, mixés et méconnaissables.

La myopie entre pour une part importante dans ses créations. La myopie est une déficience qui a un avantage, celui de plonger ceux qui en sont atteints dans un univers visuel parallèle et qui oblige à zoomer sur certains détails pour une composition et une réinterprétation lyrique. Parfois ce sont des couches d’images empilées qui se fondent entre elles comme un mélange d’émotions contrastées, souvenirs qui s’amassent et qui étrangement coïncident. Parfois c’est une image seule que la couleur vient sublimer. Une impression mystérieuse et cinématique, comme un morceau de vie où le temps s’est arrêté. Des arbres, en passant par les villes, les femmes, les crânes c’est un travail ou la couleur la plus outrée devient souvent mélancolique. Rodolphe Martinez dit souvent qu’il « dé-photographie et dévisage le réel ».

Exposition-Tram Ligne C

Projets en cours et dernières expositions

En 2009 : Exposition « Fragments » à la halle des Chartrons à Bordeaux qui présentait une partie de son travail sur la recomposition et la répétition avec le mécénat de Vauban Patrimoine.

En 2012 : Exposition sur la crucifixion : « Et pour vous qui suis-je ? » dans la cathédrale St-André de Bordeaux (20 tableaux et des projections sur les plafonds) avec le mécénat de l’Institut culturel Bernard Magrez.

2014 – 2015 Création et design de l’autel de l’église St-Pierre toujours à Bordeaux et vient par ailleurs de créer le trophée des mécènes pour la future Cité des civilisations du vin de Bordeaux qui ouvrira ses portes en 2016 et dont il est artiste associé. Mars 2015, « Regarde-Moi ! » Une exposition inédite de portraits, de visages repeints sur une rame du tramway Bordelais. Un covering* artistique qui est une première et qui sera visible durant un mois avec le mécénat de Kéolis et de Bordeaux Métropole et le soutien de la ville de Bordeaux.

Rodolphe Martinez a d’autre part créé le Fonds de Dotation Butterfly qui a pour objectif l’acquisition d’oeuvres d’art qui seront placées dans l’espace public en partenariat avec la ville de Bordeaux. Son engagement / sa réflexion se construit autour de la possibilité présenter son travail dans des lieux publics, sur les murs et les sols des villes, ou encore sur les transports en commun pour interroger le regard, pour se glisser dans le paysage urbain et dialoguer avec les habitants. »

*Principe : recouvrir les deux cotés d’une rame de la ligne C (Terres Neuves - Aubiers) de portraits en « total covering » (Film Vinyle) et transformer le tram en véhicule artistique.

En  savoir plus http://www.rodolphe-martinez.com