...sa porte monumentale nord et des amorces des murs elliptiques qui supportaient les gradins de bois de la cavea orientale.
Burdigala est une agglomération portuaire dès le VIe siècle av. J.-C., mais c'est la Conquête romaine qui en fait un pôle administratif et économique de premier ordre. En effet, vers 50 av. J.-C., Rome établit sa domination sur l’Aquitaine et y installe les Bituriges Vivisques, peuple gaulois originaire de la région de Bourges. Burdigala devient alors le plus important centre administratif du Sud-Ouest. Libre de toute enceinte, Burdigala s’étend rapidement sur la rive gauche de la Garonne et finit par devenir, au IIesiècle ap. J.-C., une des villes les plus opulentes de la Gaule. De nombreux édifices sont construits (aqueducs, thermes, forum, temple…), dont les seuls vestiges encore visibles aujourd’hui sont les ruines de l’amphithéâtre du Palais-Gallien, situé loin des remparts de la ville tardive.
Son nom actuel provient de deux interprétations anciennes erronées. Au Moyen Âge, on considérait que le Palacium Galiane abritait les restes d’un palais que Charlemagne aurait fait construire pour sa concubine légendaire Galiène. Cette légende est abandonnée dès la fin du XVIe siècle au profit d’une réalité plus historique. Les ruines sont identifiées avec raison à celle d’un amphithéâtre antique, mais elles sont alors, à tort, associées à Gallien, empereur des années 250/260 ap. J.-C. Malgré le bon état de conservation du monument, certaines parties du mur périphérique sont conservées sur une hauteur de près de 20 m, l’histoire de cet amphithéâtre reste mal connue. Généralement datée vers 200 ap. J.-C., à l’époque où on a longtemps supposé que Burdigala deviendrait capitale de la province romaine d’Aquitaine, sa construction pourrait en fait être plus ancienne. Les fouilles de 2010 permettent en effet de penser qu'il pourrait remonter à la première moitié du IIesiècle ap. J.-C.
Visite virtuelle 360° du Palais Gallien (fouilles archéologiques de 2011)
Implanté en bordure de la ville antique, il servait d’arène aux combats de gladiateurs. Long d’environ 132 m et large de plus de 110 m, il pouvait accueillir quelque 22 000 spectateurs, avec des gradins aménagés en bois.
Dès le début du Moyen Âge, le site est abandonné. Ses ruines s’élèvent au milieu des vignes dépendant de l’église Saint-Seurin, toute proche. Quelques siècles plus tard, à l’époque moderne, il devient un lieu de promenade, mais aussi de débauche. Il sert alors de repères aux duellistes et aux prostituées, avant d’être transformé en dépotoir.

Au XVIIe siècle, le Palais Gallien servit de refuge aux truands et filles publiques… la rumeur en fit le rendez-vous des sorcières avant qu’un maire de la Révolution ne le transforme en carrière publique.
Dès 1793, la Municipalité, endettée, décide en effet de lotir le Palais-Gallien et d’en vendre les terrains. C’est de cette époque que date la construction du quartier. Pourtant, les risques de destruction encourus par l’amphithéâtre conduisent à l’édiction de deux arrêtés préfectoraux, en 1800 et 1807. Dès lors, les vestiges font l’objet d’une attention scientifique accrue.
Après un classement au titre de Monument historique en 1840, confirmé en 1911, le Palais-Gallien fait l’objet de fouilles officielles en 1864, puis de travaux de consolidation et de mise en valeur par l’architecte Charles Durand, entre 1886 et 1889.
Architecture
L’amphithéâtre de Bordeaux est bâti sur une structure creuse. La façade de la porte principale nord-ouest est en grande partie conservée. On rentrait dans son enceinte par deux portes, les gradins en bois supportés par une ossature en bois prenaient place dans un ensemble de 7 ellipses concentriques composées de 64 travées. Les parois verticales étaient bâties en opus vittatum mixtum où alternent sept rangs de moellons avec trois arases de brique. Le sol au rez-de-chaussée est au niveau de l’esplanade extérieure et toutes les galeries supérieures, tous les escaliers d’accès aux étages étaient en bois.
L’état des vestiges permet de restituer approximativement la surface de l’édifice : d’une longueur d’environ 132,30m et d’une largeur de 110m, il pouvait accueillir jusqu’à 22 000 spectateurs. L’arène quant à elle mesurait environ 70m de longueur pour 47m de largeur. Les vestiges présentent des éléments intéressants du bâtiment : l’arrondi du mur extérieur et son élévation en arcade sur trois niveaux. L’ensemble est construit en brique et en pierre.
Les Fouilles archéologiques
Source Institut Ausonius
Comment, en fouillant un sous-sol dépouillé de sa substance antique depuis des siècles, les archéologues et historiens ont-ils réussi à affiner la datation du dernier monument gallo-romain de Bordeaux ? Qui étaient vraiment les gladiateurs qui animaient ces lieux ? Et quels regards les riverains actuels portent-ils sur ces vestiges qui semblent s'être fossilisés dans le tissu urbain ? Complémentaire du film documentaire "Palais-Gallien: autopsie de l'amphithéâtre antique de Bordeaux" (coréalisé avec Carole Baisson et Ezéchiel Jean-Courret), ce film se veut aussi plus grand public que le précédent. En interrogeant tour à tour décideurs, chercheurs et riverains, ce film montre la multiplicité des regards portés sur l'unique vestige monumental de l'époque romaine à Bordeaux et sur le programme de recherche dont il a fait l'objet entre 2010 et 2014 : sujet d'étude pour l'archéologue, l'historien, et l'historienne de l'art ; patrimoine à conserver et à valoriser pour l'élu municipal et le représentant des services de l'Etat ; lieu de vie et d'anecdotes pour les habitants du quartier.
CE FILM DOCUMENTAIRE, A BUT PÉDAGOGIQUE ET NON LUCRATIF, S'INSCRIT DANS LE PROJET DE VALORISATION DU SITE DU PALAIS-GALLIEN ET DES ETUDES MENÉES ENTRE 2010 ET 2012. A CE TITRE, IL A REÇU UNE AIDE DU PROGRAMME DE RECHERCHE "PALAIS-GALLIEN" CO-FINANCE PAR LA VILLE DE BORDEAUX, LA DRAC AQUITAINE ET L'INSTITUT AUSONIUS (CNRS – UNIVERSITÉ BORDEAUX MONTAIGNE)
Les deux campagnes de fouilles de l'été 2010 ont avant tout permis de montrer à quel point cet édifice avait fait l'objet de nombreuses interventions intrusives dès la fin du Moyen Âge et jusqu'aux années 1980. Hormis les vestiges architecturaux actuellement visibles (et grandement remaniés), il ne reste que peu d'éléments antiques conservés. Le niveau de circulation actuel de la parcelle se situe à une altitude inférieure à celle des sorties de fondation des murs. En effet, tous les niveaux d'occupation et de destruction antiques ont été oblitérés par des travaux de terrassement au XVIIIe siècle, puis par ceux de consolidation et de valorisation des ruines au XIXe.
Malgré cela, les recherches se sont révélées fructueuses. Ainsi, d'un point de vue chronologique, le mobilier mis au jour dans les tranchées de fondation des murs du vomitorium central (couloir principal de la porte nord) permet désormais de proposer une date de construction postérieure à l’an 75 ap. J.-C. et antérieure à 200 ap. J.-C. Il est même fort probable que l'amphithéâtre a été construit entre 100 et 150 ap. J.-C. De plus, les traces d'une occupation inédite sur le site, mais pour le moment indéterminée, ont été révélées pour l'âge du Bronze (vers 1000 avant J.-C.) et pour la fin du Moyen Âge (vers 1400 ap. J.-C.).
Si l'étude des documents iconographiques et de la stratigraphie montre que la démolition partielle de l'amphithéâtre commence au plus tard vers le milieu du XVIIe siècle, c'est pourtant dans la seconde moitié du XVIIIe siècle qu'il fait l'objet des plus importants travaux de terrassement. L'intérieur du Palais-Gallien, nivelé, sert alors de décharge municipale. Une épaisse couche de cendres et de chaux, mêlée à de très nombreux ossements d'animaux, montre qu'on y brûlait les carcasses des attelages des fermes voisines.
La privatisation et le lotissement de l'amphithéâtre interviennent peu après la Révolution française. Elle débute par le nivellement du terrain, par apport de remblais, et s'accompagne de l'arasement d'une partie des maçonneries. C'est dans ces niveaux qu'on a découvert le squelette d'un individu masculin âgé d'une trentaine d'années dont la présence reste encore mystérieuse.
D'un point de vue architectural, on a pu déterminer que les fondations des murs sont creusées dans le substrat argileux formé de graves. Celles du pilier de la façade extérieure du vomitorium central (couloir principal de la porte nord) atteignent même plus de 3 m de profondeur et reposent sur les bancs de calcaire. De plus, on sait désormais que les travées des gradins (la cavea) étaient construites sur remblais. Leur fouille en 2011 devrait permettre de résoudre définitivement le problème de la date de construction de l'amphithéâtre.
C'est où ?
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