.... « nous avons eu envie de hisser toutes les voiles de ce beau navire et les 2 000 abonnés supplémentaires depuis la saison 2014/2015 disent assez le plaisir que vous y avez pris… Il n’empêche que le réel se rappelle à nous quand bien même nous aimerions l’oublier. Même avec une très belle fréquentation de 96%, tous les spectacles programmés génèrent un déficit… »… d’où la présentation d’une programmation comportant 23 spectacles représentant 50 000 places à vendre (contre 31 spectacles en 2016/17, représentant 70 000 places à vendre).
Cette baisse n’est en rien motivée par la fréquentation, le public ayant suivi très fidèlement tous les spectacles de la saison qui s’achève, et le rééquilibrage de la programmation se fera via « La saison Bis », proposant une série de rendez-vous (débats publics, lectures, présentation des ateliers de l’EsTBA, impromptus…).
Entre fidélités (Martial Di Fonzo Bo, Renaud Cojo, Marlene Monteiro Freitas – Laurent Laffargue, Collectif OS’O, Collectif Traverse, Nicolas Liautard, Arthur Nauzyciel, Ttg STAN… notamment ), nouveaux venus (Christophe Rauck, Patrick Pineau, Claudia Stavisky, Rodolphe Dana, entre autres…), créations mises en scène par Catherine Marnas (« 7 d’un coup » – Marys’ à minuit/texte de Serge Valletti ) et co-productions (Haskell Junction – Spartoï – Des territoires (…d’une prison l’autre…) – Pavillon Noir). Deux « exceptions » classiques avec Marivaux (Arlequin poli par l’amour/Thomas Jolly – Comme il vous plaira/Christophe Rauck), Retour d’une saison « danse » grâce au partenariat retrouvé avec l’Opéra National de Bordeaux (chorégraphies de Kader Atou et Alain Platel).
En tuant le temps on blesse l’éternité Henry David Thoreau
Edito de Catherine Marnas
Cette nouvelle saison s’ouvre sur une coïncidence : le renouvellement de mon mandat à la direction du TnBA et la célébration du 70e anniversaire des Centres Dramatiques Nationaux (CDN). Coïncidence sur laquelle j’aimerais m’arrêter. Pendant les heures les plus noires de notre histoire, en pleine guerre, des hommes ont tenu bon en s’accrochant à une utopie. Pour que les générations futures ne vivent plus l’horreur qu’ils venaient de vivre, des femmes et des hommes se sont pris à rêver d’un monde meilleur. Ils ont, avec une précision incroyable, planifié la sécurité sociale, les retraites… et parmi les mesures qu’ils jugeaient essentielles pour accéder à ce monde meilleur, il y avait cette idée-là : l’État doit subventionner la Culture sur tout le territoire.
Il eut suffi que Jean Moulin parle sous la torture et les belles idées du Conseil national de la Résistance n’auraient jamais vu le jour. De là, sont nés les CDN. Pour que la création soit présente partout, à Colmar, à Saint-Étienne qui furent les pionniers, jusqu’en Outre-Mer. Il s’agissait de rompre avec la tradition qui voulait que la province accueille les spectacles créés à Paris et d’installer la création au plus près des citoyens. Voilà notre mission, une sorte de fabrique de théâtre où, jour après jour, vous partagez avec nous les fictions que nous inventons pour parler du monde. « Ça » se fabrique là, pour vous, avec vous. Cela nous permet également d’engager tout un travail souterrain, plus discret, moins visible, qui consiste à rapprocher les artistes de tous les publics, jeunes et moins jeunes, dans les établissements scolaires, les universités, les entreprises, les hôpitaux ou même en prison. En cela, nous sommes fiers de remplir les missions qui nous ont été confiées et avons le sentiment de poursuivre l’utopie qui fut à l’origine de l’existence des CDN.
Cette mission de création vous rend complices de l’art du plateau en train de s’écrire. La création implique le risque : on s’embarque sur un projet, sur une idée, quelquefois avec de jeunes artistes et vous nous suivez pour accompagner ces premiers pas en terre inconnue. Ce risque, vous le revendiquez avec nous, avec générosité et bienveillance (valeurs essentielles quelque peu tombées en désuétude). Il nous reste si peu de marge pour être acteurs en ce monde, et non consommateurs, que ceci est un véritable acte de résistance. Bien sûr, en dehors de cette mission de création, nous avons envie de partager avec vous tous les spectacles programmés. Animés par ce désir, nous venons d’achever une saison vertigineuse, déraisonnable, disons-le tout de suite, mais sommes-nous là pour être raisonnables ?
Nous avons eu envie de hisser toutes les voiles de ce beau navire et les 2 000 abonnés supplémentaires depuis la saison 2014/2015 me disent assez le plaisir que vous y avez pris. Rien ne pourrait se faire sans votre désir, sans votre appétit, sans votre soutien et je voudrais vous en remercier. Vous remercier pour vos témoignages de confiance, pour l’accueil chaleureux réservé aux artistes qui gardent du public bordelais un formidable souvenir. Il n’empêche que le réel se rappelle à nous quand bien même nous aimerions l’oublier.
Même avec une très belle fréquentation de 96%, tous les spectacles programmés génèrent un déficit. C’est grâce aux subventions que nous pouvons assurer nos missions et proposer des tarifs accessibles à tous qui ne correspondent bien entendu pas au coût réel d’une place. Malheureusement, depuis plusieurs années, l’érosion inexorable de nos moyens nous oblige à réduire le nombre de spectacles. Comme auparavant, le choix des spectacles programmés est le reflet de nos admirations. Il y a des créateurs très reconnus, d’autres à découvrir, de notre région ou d’ailleurs, avec toujours le désir de plateaux fortement habités par de nombreux acteurs ou danseurs. Quant à moi, abandonnant les gens de cour de Lorenzaccio qui s'installe au Théâtre de l'Aquarium-Paris, je me tourne résolument vers « les vies minuscules », terme que j’emprunte au philosophe Guillaume Le Blanc avec qui j’entame un chantier sur Pier Paolo Pasolini. Je défends Olivier, le héros de 7 d’un coup, perdant désigné de la vie, trop petit, trop fragile, trop sensible, qui vaincra toutes ses peurs sur un malentendu. Je rentre dans la tête de Maryse qui décidément ne comprend pas le monde qui l’entoure.
Parce que, comme le disait le philosophe Ernst Bloch, « L’Art est un laboratoire mais aussi une fête de possibilités exécutées. » Cette saison, il y a une nouveauté : la Saison Bis. Parce qu’il est bon de se retrouver en dehors des rendez-vous programmés longtemps à l’avance, parce que nous avons envie de continuer un dialogue plus spontané. Cette Saison Bis vous permettra de suivre l’activité de l’école, de débattre avec des penseurs qui analysent le présent ou de voir des impromptus surgis d’un coup de coeur immédiat. Au plaisir de vous retrouver très vite, avec l’impatience de votre curiosité.
Saison 2017-2018 du TnBA : il y en a pour tous les goûts : répertoire, contemporain, artistes reconnus ou à découvrir, collectifs artistiques d’aujourd’hui.
Ouverture de la saison : 11 octobre
Abonnement de 9 à 15€ – Carte Pass TnBA 16 € et 24€ – Tarif places de 8 à 30€ – accueil billetterie du mardi au samedi de 13h à 19h (3, pl Pierre-Renaudel – Bordeaux
Renseignements 05 56 33 36 80 / Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. - Programme & billetterie en ligne http://www.tnba.org/